Tétraplégie / Spasticité

Tétraplégie

Qu'est-ce que la tétraplégie ?

La tétraplégie se caractérise par la paralysie des quatre membres, le plus souvent causée par une lésion de la moelle épinière.

Quelques définitions :

  • Rachis (ou colonne vertébrale) : empilement de 33 vertèbres reliant le crâne au bassin.
  • Moelle épinière : partie du système nerveux située dans la colonne vertébrale, transmettant les informations entre le cerveau et les organes, et inversement.
  • Canal rachidien ou médullaire : cavité contenant la moelle épinière à l’intérieur de la colonne vertébrale.
  • Motoneurone : cellule nerveuse (neurone) qui transmet les ordres de motricité du cerveau et de la moelle épinière vers les muscles, permettant l’exécution du mouvement commandé.

Illustration colonne vertébraleLes nerfs moteurs, ou motoneurones, qui commandent le mouvement des quatre membres prennent leur origine dans le cerveau. Ils se rassemblent à la base du crâne, formant la moelle épinière, et descendent dans un canal formé par les vertèbres (rachis), allant du cou jusqu’au bassin (Figure 1). En fonction de la zone, on distingue le canal cervical, dorsal et lombaire.

Chaque motoneurone prend relais au niveau de la moelle avec un deuxième motoneurone (dit inférieur) qui traverse la moelle, passe de l’autre côté, puis sort du rachis entre deux vertèbres pour se rendre aux muscles qu’il innerve (Figure 2).

Les traumatismes du rachis, lorsqu’ils sont sévères (fracture, luxation, entorse grave), peuvent entraîner une lésion de la moelle épinière et des nerfs moteurs. Lorsque la lésion est située au niveau du dos (canal dorsal) ou au niveau lombaire, elle provoque une paralysie des deux jambes (paraplégie). Si elle se situe au niveau du cou, elle entraîne une lésion des quatre membres (tétraplégie).

En cas de tétraplégie complète, le patient ne peut plus marcher et ne conserve que quelques muscles actifs, généralement au niveau de l’épaule et du coude. Il n’est plus autonome et dépend des autres pour la majorité des gestes de la vie quotidienne. Parfois, la tétraplégie est incomplète (tétraparésie) : quelques motoneurones encore intacts continuent de fonctionner, entraînant des situations cliniques très variées selon la lésion.

Quelles sont les causes de la tétraplégie ?

La tétraplégie est le plus souvent d’origine traumatique : chute d’un lieu élevé, plongeon en eau peu profonde, accident de la route (personne non ceinturée ou appui-tête mal réglé), plaie par arme à feu… Elle touche alors principalement des hommes jeunes.

Cependant, elle peut également être liée à une lésion dégénérative du rachis cervical due à l’arthrose. Le canal médullaire est dévié, comprimé, voire obstrué. Il devient fragile, et un traumatisme même léger peut entraîner une tétraplégie. Ce sont généralement des personnes plus âgées qui sont concernées.

Dans certains cas, des maladies affectant directement les nerfs peuvent également être à l’origine de la tétraplégie.

Quels sont les symptômes de la tétraplégie ?

La tétraplégie se manifeste par une absence de contrôle volontaire de tous les muscles situés en dessous de la lésion médullaire : les muscles du thorax, de l’abdomen (digestifs et génito-urinaires) et des membres inférieurs sont paralysés. Pour les membres supérieurs, l’étendue de la paralysie dépend du niveau de la lésion :

  • Paralysie depuis l’épaule dans les lésions supérieures (4e et 5e vertèbres cervicales).
  • Paralysie depuis le bras dans les lésions intermédiaires (5e et 6e vertèbres cervicales).
  • Paralysie limitée à la main dans les lésions inférieures (7e vertèbre cervicale et 1re vertèbre dorsale).

La paralysie s’accompagne de troubles de la sensibilité (toucher, perception du chaud et du froid, reconnaissance des objets), ainsi que d’autres troubles dits végétatifs, tels que des problèmes de thermorégulation et d’hypotension orthostatique.

Les patients tétraplégiques complets ne peuvent pas marcher et se déplacent uniquement en fauteuil roulant. Ils dépendent des autres pour la majorité des activités quotidiennes, comme manger, préparer un repas, se laver, s’habiller, assurer l’hygiène, passer du lit au fauteuil, et pratiquer des loisirs. Toutefois, les avancées en domotique ont permis d’améliorer leur autonomie.

Quels sont les examens à réaliser ?

Au moment de l’accident, les examens d’imagerie (radiographie, IRM) permettent de déterminer le niveau exact de la lésion médullaire (Figure 3). Plus la lésion est haute, plus le patient sera dépendant.

Ils servent également à détecter d’éventuelles complications infectieuses (pulmonaires ou urinaires), osseuses (ostéome) ou médullaires (syringomyélie) liées à la tétraplégie.

Parmi ces complications, une attention particulière doit être portée à la surveillance de la peau des zones d’appui (dos, fesses) afin de repérer rapidement l’apparition d’escarres. Les massages cutanés, ainsi que l’utilisation de matelas gonflables et de coussins adaptés aux fauteuils, constituent la meilleure prévention.

Imagerie tétraplégie

Quels sont les traitements en cas de tétraplégie ?

La prise en charge des patients tétraplégiques nécessite souvent un passage en service de réanimation, accompagné d’une intervention chirurgicale urgente pour stabiliser la lésion du rachis et favoriser la meilleure récupération possible de la lésion médullaire.

Par la suite, les patients sont pris en charge dans des centres spécialisés pour blessés médullaires, où les progrès de la récupération motrice sont évalués et des mesures adaptées au handicap résiduel sont mises en place. C’est une étape longue de plusieurs mois.

Dans certains cas, la récupération est complète ou presque, permettant au patient de retrouver la marche et l’usage de ses membres supérieurs. Cependant, dans les cas les moins favorables, la récupération se limite parfois aux épaules et aux coudes, laissant le patient sévèrement handicapé. La rééducation vise à maintenir la mobilité, renforcer les muscles encore actifs et aider le patient à développer des stratégies pour améliorer sa fonction et son autonomie.

C’est à ce stade que la chirurgie fonctionnelle des membres supérieurs peut être envisagée dans certains cas. Cette intervention consiste à transférer des muscles (ou des nerfs) encore actifs vers des muscles (ou des nerfs) paralysés de manière irréversible. Plus la lésion médullaire est située bas, plus les possibilités chirurgicales sont étendues. Les résultats attendus varient de la récupération de l’extension du coude et d’une simple pince entre le pouce et l’index (niveaux intermédiaires) jusqu’à la capacité d’ouvrir et de fermer tous les doigts (niveaux inférieurs).

Plusieurs interventions sont généralement nécessaires pour réhabiliter les deux membres supérieurs.

Consultez l’un de nos spécialistes des pathologies des membres supérieurs.

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Quelle est l'évolution post-opératoire ?

Cette chirurgie est généralement effectuée sous anesthésie générale. Le patient opérée pour sa tétraplégie retourne rapidement au centre de rééducation et, après une période d’immobilisation de 2 à 4 semaines, la rééducation des muscles transférés est entamée. En cas de transfert de nerf, la récupération est plus longue.
Ces interventions, pratiquées depuis de nombreuses années, donnent, selon notre expérience, des résultats satisfaisants. Elles ne permettent jamais de retrouver la mobilité d’avant l’accident, mais améliorent la fonction et l’autonomie de la personne tétraplégique (manipulation du fauteuil roulant, alimentation, cathétérisme urinaire…), en fonction du niveau de la lésion médullaire.