Pathologies de la Main

Syndrome du canal carpien

Qu'est-ce que le canal carpien ?

Le canal carpien est un passage anatomique situé à la base de la main, formé par des os à l’arrière et un ligament épais, le « rétinaculum des fléchisseurs » ou ligament annulaire du carpe, à l’avant. Il abrite les tendons des muscles fléchisseurs des doigts et du pouce, ainsi que le nerf médian. Ce nerf est responsable de la sensation dans les trois premiers doigts et contrôle certains muscles à la base du pouce.

Quelles sont les causes du syndrome du canal carpien ?

Toute compression de ce nerf dans le canal carpien peut provoquer des symptômes de douleur, d’engourdissement ou de faiblesse dans la main, ce qui caractérise une pathologie commune appelée le syndrome du canal carpien. Dans 70 % des cas, aucune cause de compression n’est retrouvée et le syndrome est dit « idiopathique ».

Les causes secondaires de compression du nerf médian sont variées et peuvent être liées à plusieurs facteurs externes ou internes qui viennent restreindre l’espace au sein du canal carpien. Voici quelques exemples de ces facteurs :

  • Pathologies sous-jacentes : certaines conditions médicales peuvent entraîner un œdème au sein du canal carpien, augmentant ainsi la pression exercée sur le nerf médian. Des maladies telles que le diabète, l’hypothyroïdie ou des troubles rhumatismaux inflammatoires sont des causes courantes de cette compression secondaire. Ces affections perturbent le métabolisme ou favorisent l’inflammation, ce qui peut entraîner une accumulation de liquide et une pression supplémentaire sur les nerfs.
  • Postures prolongées ou répétitives : l’adoption fréquente de positions non naturelles du poignet, en flexion ou en extension, notamment pendant des activités professionnelles, peut également contribuer à la compression du nerf médian. Par exemple, les tâches impliquant des mouvements répétitifs ou une pression constante sur le poignet, comme celles rencontrées dans certains emplois industriels ou de bureau, augmentent le risque de développer cette pathologie. Une pression répétée sur le canal carpien rétrécit l’espace disponible pour le nerf. Ces troubles, lorsqu’ils surviennent dans le cadre du travail, sont reconnus comme des maladies professionnelles, spécifiquement inscrites dans le tableau numéro 57 des maladies professionnelles prises en charge par l’Assurance Maladie.
  • Présence d’une anomalie anatomique : dans certains cas, la compression peut être causée par des structures internes situées dans le canal carpien. Cela inclut des éléments tels que des kystes, des variations anatomiques musculaires ou des hématomes.

Quels sont les symptômes du syndrome du canal carpien ?

Le syndrome du canal carpien est une affection neurologique qui provoque des sensations de picotements ou de fourmillements dans les doigts, en particulier le pouce, l’index et le majeur. Ces symptômes peuvent survenir tant de jour que de nuit, perturbant ainsi la qualité de vie du patient. En plus des sensations de fourmillements, il n’est pas rare que des douleurs irradiantes apparaissent, remontant le long de l’avant-bras et parfois jusqu’au bras, provoquant une gêne supplémentaire.

Dans certains cas, cette pathologie peut également entraîner une perte de force dans la main, ce qui rend difficile la prise et la manipulation d’objets. Les patients peuvent éprouver des difficultés à tenir des objets ou à effectuer des gestes quotidiens, comme saisir un verre ou écrire, à cause d’une incapacité à maintenir une prise ferme.

Si vous ressentez l’un de ces symptômes, consultez l’un de nos spécialistes des pathologies des membres supérieurs.

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Quels sont les examens à réaliser ?

L’électroneuromyogramme (ENMG) est un examen clé dans le diagnostic des troubles nerveux, particulièrement en cas de suspicion de compression du nerf médian. Il est couramment prescrit par un neurologue spécialisé pour évaluer la vitesse de conduction des signaux électriques le long du nerf affecté. Cet examen permet de détecter une éventuelle compression du nerf, tout en fournissant des informations précieuses sur la gravité de l’atteinte. Il revêt ainsi une grande importance pronostique, en permettant d’identifier les causes sous-jacentes de la pathologie et d’évaluer les perspectives de rétablissement ou de traitement.

En complément de l’ENMG, d’autres examens peuvent être requis, en fonction des résultats de l’examen clinique. Des outils diagnostiques tels qu’une échographie, qui offre une visualisation détaillée des structures nerveuses et des tissus environnants, ou encore une radiographie, qui permet d’examiner les os et les articulations, peuvent être demandés. Ces investigations complémentaires permettent de mieux cerner l’origine du trouble et d’élargir les options thérapeutiques en fonction du diagnostic final.

Quels sont les traitements en cas de syndrome du canal carpien ?

Dans un premier temps, le traitement de la pathologie du canal carpien est principalement médical, ce qui signifie qu’il se base sur des options non chirurgicales telles que l‘utilisation d’attelles, l’administration d’infiltrations (parfois de cortisone) et du repos. Ce type de traitement est recommandé en cas de symptômes légers ou lorsque la cause du trouble est transitoire.

Lorsque le traitement médical ne donne pas les résultats escomptés ou en présence de symptômes sévères, une intervention chirurgicale devient nécessaire. L’objectif de la chirurgie est de libérer le nerf médian en ouvrant le canal carpien. Cette opération consiste principalement à sectionner le ligament qui forme le « toit » du canal carpien, afin d’élargir l’espace autour du nerf et de soulager les symptômes tels que les sensations de picotements. Dans les formes les plus graves, où il y a également une atteinte musculaire, la récupération complète de la sensibilité et de la force musculaire peut prendre du temps, voire rester partielle.

Il existe plusieurs techniques chirurgicales pour traiter le syndrome du canal carpien. La première consiste en une intervention classique dite « à ciel ouvert », où une incision de 5 cm est pratiquée sur la peau pour accéder au canal carpien. Une autre option est la technique « mini-open », qui consiste en une petite incision d’environ 1 à 1,5 cm. Enfin, l’approche la moins invasive est la technique endoscopique, qui utilise une caméra pour guider l’intervention, avec une ou deux petites incisions de 0,5 à 1 cm. Bien que la technique endoscopique puisse offrir des résultats intéressants à court terme (moins de six mois après l’opération), aucune étude n’a montré qu’elle soit supérieure à la méthode mini-open. À long terme, les résultats des trois techniques chirurgicales sont globalement équivalents.

Après l’intervention, il n’est généralement pas nécessaire de porter une attelle. Un pansement est appliqué et maintenu pendant environ 10 jours. La main peut être utilisée immédiatement après la chirurgie, bien que des mouvements contraints soient déconseillés pendant les trois à quatre premières semaines, car ils peuvent être douloureux. En termes de rééducation, une kinésithérapie n’est pas systématiquement nécessaire. Il est fréquent que le patient ressente une légère perte de force qui disparaît généralement dans les trois mois suivant l’opération. De plus, il peut y avoir une douleur localisée au niveau du talon de la main, appelée « pillar pain », qui est temporaire et est liée à la cicatrisation du ligament sectionné.

Quels sont les risques de l’intervention ?

Les complications associées à l’intervention chirurgicale du syndrome du canal carpien, bien que rares, doivent être prises en considération, notamment dans le cadre de chirurgies délicates. Ces risques sont estimés à moins de 1 % des cas.

Les risques inhérents à toute chirurgie :

  • L’un des risques les plus complexes est le syndrome douloureux régional complexe (SDRC), anciennement connu sous le nom de syndrome algoneurodystrophique. Ce trouble se manifeste par une douleur intense et persistante, accompagnée de symptômes tels que rougeur, chaleur, gonflement et hypersensibilité de la main. Les douleurs peuvent être de type « électriques » et durer plusieurs mois, rendant le processus de récupération difficile.
  • L’infection est une autre complication potentielle, bien que les protocoles de stérilisation et les soins post-opératoires réduisent considérablement cette probabilité. En cas d’infection, un traitement antibiotique rapide est essentiel pour éviter toute propagation.
  • Les hématomes, qui se produisent lorsque du sang s’accumule sous la peau, peuvent également survenir. Bien que généralement bénins et résorbables, ils peuvent nécessiter des soins supplémentaires si leur taille ou leur localisation entrave la guérison.

Dans des cas très rares, des lésions nerveuses (<0,5% des cas) ou artérielles (<0,1% des cas) peuvent survenir.

Enfin, la récidive précoce, qui survient généralement dans les six mois suivant l’intervention, peut se produire en raison d’une fibrose périneurale. Ce phénomène est plus fréquent chez les patients présentant des antécédents de diabète ou d’insuffisance rénale, deux conditions qui peuvent compliquer le processus de guérison et augmenter le risque de nouvelles complications.

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